Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/550

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que vous n’en regardez pas ſeulement Leoniſe, quoy que vous ſoyez aupres d’elle. Que voulez vous que j’y face ? me dit il ; je voudrois que vous eſcoutaſſiez la raiſon, luy dis-je, & que puis que vous n’eſtes plus amoureux de Clodore, vous ne vous oppoſaſſiez point à la paſſion qu’Hermogene a pour elle : & que de plus, vous luy permiſſiez de faire tout ce qu’il croiroit luy pouvoir eſtre utile. Non non Alcenor, me dit il, je ne sçaurois gagner cela ſur moy : & par une bizarrerie que je ne puis vaincre, il faut que j’avoüe que je ne puis ſouffrir non ſeulement qu’Hermogene aille dire à Cleodore que je la trahis ; mais encore qu’Hermogene l’aime & en ſoit aimé. Je ne me ſoucierois ce me ſemble pas, adjouſta t’il, que cent autres perſonnes l’aimaſſent : mais pour Hermogene, je ne le sçaurois endurer. Vous eſtes pour tant plus obligé de le ſouffrir que d’aucun autre, repris-je ; car il eſt plus voſtre Amy que qui que ce ſoit. Il eſt vray, reprit Beleſis, & ſi vous sçaviez la confuſion que j’ay de ma folie, vous auriez pitié de moy. Cependant elle eſt ſi forte, que je ſens bien que je ne pourray jamais ny retourner abſolument à Cleodore ; ny trouver bon qu’Hermogene l’aime ; ny abandonner Leoniſe. Comme nous en eſtions là, Hermogene entra, qui ſe mit en ma preſence à dire à Beleſis, tout ce qu’on peut dire d’obligeant : il luy aprit que les ſix jours que Cleodore luy avoit donnez devant expirer ce ſoir là, il venoit le conjurer de luy accorder la permiſſion qu’il luy avoit demandée. Au reſte, luy dit il, j’ay une choſe à vous dire, auparavant que vous me refuſiez pour la derniere fois ; qui eſt que ſi contre toute aparence, vous vous eſtiez repenti de voſtre faute, & que vous vouluſſiez