Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/113

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exciter les Soldats, à ne laisser pas perdre leur General. Il n’y avoit que cét Amy d’Aribée, qui n’agissant qu’en secret, ne laissoit pas de nuire beaucoup au genereux Artamene, & d’entretenir la colere du Roy : c’estoit luy qui luy avoit escrit à cét illustre accusé : mais qui luy avoit encore baillé les Tablettes, dans lesquelles il avoit respondu à ce Roy. Chrisante & Feraulas estoient fort empeschez à deviner par quelle voye Ciaxare pouvoit les avoir reçeuës : mais le Ciel qui veut tousjours que les crimes se descouvrent, fit qu’ils en furent bien tost esclaircis. Ils n’avoient garde d’imaginer, comment la chose estoit advenue : ny de prevoir par quel moyen ils l’apprendroient. Car il estoit arrivé que celuy que le Roy d’Assirie avoit envoyé vers Artamene, & par lequel Artamene luy avoit respondu ; avoit rencontré en s’en retournant un Frere d’Aribée ; qui luy ayant demandé d’où il venoit, & où il alloit, avoit sçeu par luy la verité de la chose. Ce Frere l’ayant apprise, avoit suborné cét homme, qui luy avoit montré ces Tablettes : & apres les avoir ouvertes & leuës, il avoit par sa permission, escrit la mesme chose dans d’autres : & luy avoit persuadé, qu’il pouvoit à toute la Medie, & à toute la Capadoce d’où il estoit : mais encore à toute l’Asie, & mesme à toute la Terre ; s’il vouloit retourner à Sinope, & aller porter les Tablettes d’Artamene à un de ses amis, qui estoit aupres de Ciaxare ; & c’estoit le mesme qui de son costé, avoit commencé d’agir contre ce fameux Prisonnier. Il luy dit en suitte, que ce seroit rendre un service tres important au Roy, & dont il seroit