Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont ils avoient veû les glorieuses suittes ; ne peurent souffrir cette remise : & prierent tout de nouveau Chrisante de ne les faire plus languir. Alors ce sage Persan, apres avoir esté quelques momens sans dire mot, pour rappeller en sa memoire, l’idée de tant de grandes actions, qu’il avoit veû faire à son cher Maistre ; suivant qu’ils en estoient convenus Feraulas & luy, commença son recit de cette sorte.


HISTOIRE
D’ARTAMENE.


I’ay de si merveilleuses choses à vous apprendre, que ce n’est pas sans sujet que je croy qu’il est à propos de vous preparer en quelque façon, à n’en estre pas surpris : Car enfin, Seigneur (dit il s’adressant au Roy d’Hircanie) la naissance & la vie d’Artamene, ont des circonstrances si extraordinaires ; si glorieuses pour luy ; & si surprenantes pour ceux qui ne les sçavent pas ; que pour trouver de la creance parmy ceux qui m’escoutent ; je ne pense pas qu’il soit inutile de leur protester, que la verité toute pure leur parlera par ma bouche : & que si dans la narration que je vay faire, je ne la dis pas tousjours exactement ; c’est que la modestie d’Artamene m’a accoustumé à cacher une partie de sa gloire, & à n’exagerer jamais les grandes choses qu’il a faites. Cependant, Seigneur, cét Artamene,