Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/129

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Diane à Ephese, qui commençoit d’estre en grande reputation, pour les Oracles qui s’y rendoient. Ces Princes sçeurent par l’advis des Mages, & par l’Oracle de Diane ; que les Dieux avoient donné une marque trop visible qu’ils ne trouvoient pas bon qu’ils se fissent la guerre, pour la continuer davantage : & qu’ainsi il faloit qu’ils se resolussent à faire la paix. Le Roy de Cilicie s’estant entremis de la chose, fit que le Roy de Lydie qui avoit une fille, Sœur de Cresus, la fit espouser à Astiage fils de son Ennemy. Ainsi vous pouvez connoistre par là, que ces Nopces furent faites si tost apres la guerre de Lydie ; que ce n’est pas sans raison, que je dis que ce Prince nay dans le tumulte, en reçeut quelques dispositions au trouble & à la confusion. Pour son Regne, Seigneur, comme il n’y a pas long temps qu’il est achevé, il seroit superflu de vous le raconter exactement : il suffira donc que je vous die, que ce Prince qui sçavoit que pas un de ses Predecesseurs, depuis l’illustre Dejoce, n’avoit possedé la Couronne de Medie en paix ; se tenoit tousjours preparé à la guerre ; & craignoit tousjours quelque revolte. Vous n’ignorez pas non plus qu’il eut de la Reine sa femme, Fille d’Alliate, & Sœur de Cresus, Ciaxare qui regne presentement, & qui retient l’invincible Artamene prisonnier. Vous sçavez aussi qu’il eut encore une fille appellée Mandane, d’une eminente beauté, & d’une grande vertu : à quelque temps de là, il perdit la Reine sa femme, qu’il avoit si cherement aimée, qu’il ne voulut jamais se remarier. Depuis cette perte, il ne songea plus qu’à faire bien eslever le jeune Ciaxare, & la jeune Mandane ; & à tascher de se maintenir en paix, sans rien entreprendre contre ses voisins.