Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/132

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Cependant Astiage qui de son naturel estoit fort inquiet, & fort apprehensif ; & qui de plus estoit fort scrupuleux, & fort persuadé de l’opinion que les Mages connoissoient presque tout ce qui devoit advenir ; les assembla tous, & les conjura de bien considerer cét accident. Vous sçavez sans doute que ces hommes menent une vie, qui leur donne plus de loisir qu’aux autres, de connoistre les choses celestes : car outre leur austerité ; leur retraite, & leur solitude ; ils ont une connoissance si particuliere des Astres, que par eux seulement ils penetrent bien loing dans celle de l’advenir : joint que les Dieux les inspirent encore par des voyes secrettes & particulieres, que le vulgaire ne connoist pas. Leurs responses sont presque aussi asseurées, que celles des Oracles : & quand elles rencontrent heureusement ; elles ont cét advantage, qu’elles sont beaucoup plus claires. Quoy qu’il en soit Astiage ayant fait assembler tous les Mages, comme je l’ay desja dit ; & eux ayant prié les Dieux, & consulté les Astres ; dirent à ce Prince, apres l’avoir preparé à recevoir ce qu’ils avoient à luy dire, sans se laisser emporter à nulle violence ; que selon toutes leurs s selon tout ce que leur sçavoir, & les dons qu’ils avoient reçeus du Ciel leur pouvoient aprendre ; il faloit de necessité que cette grande Eclipse, qui ne venoit point dans le temps, ny dans les revolutions establies par la Nature ; signifiast ou sa mort ; ou celle du Prince son fils ; ou la perte de son authorité Souveraine. Que pour les deux premiers, ils luy respondoient que cela ne pouvoit estre : parce qu’ayant fait autrefois par son commandement, des observations Astronomiques sur la durée de leur vie ; & dressé la figure de leur nativité, avec