Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/166

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les menaces des Dieux ne seroient point suivies de mauvais effets ; il avoit tousjours des Espions à Persepolis, qui l’advertirent de l’arrivée, & du sejour d’Harpage en Perse, sans que nous ayons pû sçavoir, par où ils l’avoient pû découvrir. Le Roy des Medes sçeut bien tost qu’il avoit esté reçeu favorablement ; & que mesme il avoit parlé au Prince dans la Forest ; car depuis, quelques Persans le reconnurent, & le publierent. Il sçeut de plus, que toute la Province des Paretacenes, dont Harpage avoit eu le Gouvernement, luy estoit fort affectionnée : qu’elle se sousleveroit facilement, s’il en avoit l’intention : & que mesme depuis peu, il s’y estoit fait quelques assemblées secrettes, dont il ignoroit la cause. Si bien que par toutes ces nouvelles, qui luy venoient de divers lieux tout à la fois ; & par son temperament craintif, il retomba dans ses premieres frayeurs, & dans ses premieres inquietudes. Il r’assembla donc les Mages ; ils consulterent de nouveau, & les Astres, & les Dieux ; ils firent des prieres & des Sacrifices ; & apres toutes ces choses, ils dirent à Astiage, qu’ils ne pouvoient sans manquer à la fidelité qu’ils luy devoient, luy celer que tout ce qu’ils avoient veû & observé dans les Estoiles ou dans les Victimes, ne leur parloir que de revolution & de changement : & que sans doute l’on en verroit bien tost des marques. Il n’en faloit pas davantage, pour exciter le trouble en l’ame d’un Prince, qui estoit tousjours disposé à le recevoir : & qui d’ailleurs voyoit, ce luy sembloit, desja quelque apparence, à ce que les Mages luy disoient. Ciaxare qui n’estoit que Roy de Capadoce en ce temps là, n’avoit qu’une fille : de sorte que ce Prince defiant voyoit bien que si le jeune Cyrus avoit de mauvais desseins, il les pouvoit