Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/268

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valeur. Il s’apperçeut de nostre tristesse ; & nous regardant d’un visage aussi gay, que le nostre estoit melancolique : Je vaincray (nous dit il en sous-riant ; ) & vous ne serez pas bons Devins, Artamene vous en assure. Comme il disoit cela, nous arrivasmes à la porte le la Ville, où le Roy les attendoit : Seigneur (luy dit mon genereux Maistre, qui marchoit à la teste de cette Troupe) je vay tascher de me rendre digne de l’honneur que vostre Majesté m’a fait à l’exemple de ces vaillans hommes : & je vay, respondit le Roy, preparer des Couronnes pour vous & pour eux ; ne doutant point de l’heureux succés de nos armes, puis qu’Artamene combat. Ta Gloire est grande Artamene, s’escria le desesperé Philidaspe : mais tu ne la possederois pas seul, si j’eusse eu ta bonne fortune, aussi bien que j’ay ta valeur. Nous eussions esté trop forts avec toy (luy respondit mon Maistre en passant) & nous tascherons de vaincre sans toy. A ces mots ces deux Heros devouëz à la Grandeur & au repos de la Capadoce, sortirent de la Ville, & les portes furent refermées. Nous ne laissasmes pourtant pas, Seigneur, d’estre assez bien informez du détail de cette grande action : C’est pourquoy je vous reciteray ce que nous en avons sçeu : me reservant à la suitte de mon discours, à vous dire par quelle voye nous l’avons apris. Comme ces deux Troupes furent donc dans la plaine, elles firent alte quelque temps : & chaque Party envoya quatre des siens, pour voir une seconde fois eux mesmes, si le nombre estoit égal, & si les armes estoient semblables. Tout s’estant trouvé comme il devoit estre de part & d’autre, & chac ? s’en estant retourné à son rang, apres avoir