Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/297

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qu’il luy a tant reprochées. Je l’aſſure toutefois, qu’il ne me vaincra pas ſans gloire : & que je feray tout ce qui me ſera poſſible, pour luy en faire trouver en ma deffaite. Tant y a Seigneurs, que s’il à combatu comme il le dit, il ne doit pas craindre de combattre encore : & s’il n’a pas combatu, comme je le ſoustiens ; je veux bien me retracter de ce que j’ay avancé : & tomber d’accord, que je ne dois point triompher que je ne l’aye vaincu. Je ne vous demande donc plus, ô mes Juges, le gain de ma Cauſe ; mais ſeulement la permiſſion de combattre. Auſſi bien ne pourriez vous juger vos Maiſtres qu’en tremblant : quoy que vous puſſiez dire & faire, il y auroit touſjours quelqu’un qui ſe plaindroit : au lieu que lors que par la propre bouche d’Artane je vous feray entendre la verité, vous pourrez prononcer hardiment, ſans craindre de faire une injuſtice, & ſans que perſonne vous en accuſe. Ne me refuſez donc pas je vous en conjure ; puis que je ne vous demande rien que d’equitable. Au reſte, qu’Artane ne s’amuſe pas à s’oppoſer à ce que je veux, par l’eſperance de s’épargner un combat : puis que quand on me l’auroit refuſé, & que l’on m’auroit meſme fait juſtice ; il ne luy ſeroit pas aiſé de l’éviter. Il vaut donc mieux qu’il s’y reſolue de bonne grace : & qu’il teſmoigne du moins en cette rencontre, que s’il a eu de la laſcheté, en l’occaſion qui s’eſt preſentée ; c’eſt qu’il a creû qu’il valoit mieux dérober la Victoire, que la hazarder. Mais aujourd’huy qu’elle luy eſt diſputée, & qu’il s’agit de ſon honneur en particulier ; il faut que ce brave ſe reſolue à ce que je