Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/314

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genereux & bien conseillé, (comme nous le voulons croire) vous nous recompenserez de nostre fidelité, au lieu de nous en vouloir punir : & vous serez bien aise, que nous ayons donné un si illustre Exemple à vos Subjets, afin de leur apprendre d’estre aussi fideles que nous, quand l’occasion s’en presentera.

Artamene trouvant quelque chose de fort heroïque, dans le sentiment de ces Peuples, n’eut garde de songer à les attaquer, sans un nouvel ordre. Il m’envoya donc le prendre de Ciaxare, & luy porter le Manifeste, que son Heraut avoit reçeu : se contentant de demeurer à la teste de ses Troupes, & à la veuë de Cerasie. Le Roy fut sans doute fort surpris de cét evenement : & comme Aribée avoit un esprit artificieux, il ne creut point du tout que cette advanture si extraordinaire, n’eust autre fondement, que l’affection de ces Peuples pour leur Prince : Et il s’imagina que le Prince faisoit plustost ainsi agir ces Peuples ; de sorte que comme son interrest se trouvoit, à faire durer la guerre ; il aigrit l’esprit du Roy, autant qu’il luy fut possible. Cependant nous avons bien sçeu depuis, que cela n’estoit pas : & que la passion que les Habitans de Cerasie avoient pour leur Roy & l’aversion qu’ils avoient pour les Capadociens ; Ciaxare dépescha vers le Roy de Pont ; pour se plaindre à luy du procedé de ces Habitans, & pour luy reprocher l’infraction de leur Traitté, & le manquement de sa parole : & pour ne perdre point de temps, il fit avancer toute son Armée pour investir la Ville : de peur qu’il n’y entrast