Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/329

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qui ont juré solemnellement de se trouver à la premiere Bataille qui se donnera ; de ne s’y separer point ; de ne chercher qu’Artamene ; de ne combattre qu’Artamene ; & de tuër Artamene ; ou d’y perir tous eux mesmes. Ce sont Seigneur, les mesmes paroles que le Roy mon Maistre a veües, dans un Bille qui s’est trouvé dans son Camp : sans qu’il ait pû sçavoir à qui il s’adresse, ny qui sont ceux qui l’on escrit. Or Seigneur, le Roy de Pont & le Roy de Phrigie, qui m’envoyent vers vous : n’osant pas vous prier, ny pour vostre gloire, ny pour la leur, de ne combattre pas ce jour là : sçachant bien que vostre grand courage ne le pourroit souffrir : vous conjurent au moins, de ne prendre que des Armes toutes simples en cette journée comme je vous en voy ; afin que les lasches qui ont fait cette conspiration contre vous ; ne vous reconnoissant pas, ne puissent pas venir à bout de leur infame entreprise. Le Heraut ayant cessé de parler, fit une profonde reverence : & Artamene apres en avoit aussi fait une au Roy, & luy avoir demandé la permission de respondre ; tout desesperé qu’il estoit, d’avoir cette nouvelle obligation à son Rival, ne laissa pas de le faire tres civilement. Je suis trop obligé au Roy ton Maistre, dit il au Heraut, du soin qu’il prend de la conservation du ma vie : Mais pour luy tesmoigner, que je ne suis pas indigne de l’honneur qu’il me fait, il faut avec la permission du Roy, dit il en se tournant vers Ciaxare, que je tarde un moment à te donner ma response. Alors il s’aprocha de l’oreille de Feraulas, qui estoit assez prés de luy ; & luy commanda quelque chose tout bas, que personne n’entendit. Mais nous en fusmes bien tost éclaircis : car Feraulas ayant obeï promptement, & la Tente de nostre Maistre