Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/347

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premiere, j’eus le bon-heur de me trouver assez prés de luy, pour luy bailler le mien malgré qu’il en eust : & je pense qu’il ne l’auroit pas accepté, si le hazard ne m’en eust fait trouver un autre au mesme instant, d’un homme de nostre Party, qui fut tué proche de moy. Mais pour la seconde, je vy seulement le cheval que j’avois donné à mon Maistre tomber mort, & Artamene se dégager de dessous luy, & combatre ceux qui l’attaquoient, sans que je pusse joindre ; parce que ceux qui l’avoient environné m’en empeschoient. Mais quoy que selon les apparences il d’eust succomber en cette occasion, le Ciel voulut encore le conserver : & fit qu’il fut si heureux, qu’il tua un de ces Chevaliers, dont le cheval estoit admirablement bon : si bien qu’Artamene sans perdre temps, & malgré la resistance de ceux qui vouloient s’y opposer, se jetta dessus ; & coupa la main d’un autre, qui voulut luy saisir la bride, achevant de mettre en déroute tout ce qui luy voulut resister. Enfin, Seigneur, Artamene de ma connoissance, en tua ou blessa plus de trente, & fit plusieurs prisonniers, tant des Conjurez que des autres. Cependant l’Aisle droite des Ennemis avoit encore plus resisté que la gauche : & quelque valeur qu’eussent Aribée & Philidaspe, la victoire leur avoit cousté un peu plus cher, & plus de temps qu’à Artamene, quoy qu’ils n’eussent pas d’ennemis particuliers à combattre : Neantmoins ils l’avoient enfin remportée. Ciaxare de son costé, qui estoit au Corps de la Bataille, s’estoit meslé avec les Ennemis ; & les avoit mis en desordre, de sorte que la victoire s’estoit entierement declarée pour luy. Tout estoit donc dans une confusion extréme : les