Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/73

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de leurs Parens ou de leurs Amis. Artamene touché par des objets si tristes, consola tous ceux qui se trouverent sur son passage : & promit aux habitans en general, malgré leur rebellion, d’obliger le Roy à faire rebastir leur Ville. Feraulas presenta alors un homme à Artamene, qui luy donna une Lettre de la part du Roy d’Assirie : il la prit, & l’ayant leuë tout bas, il trouva ces paroles ; lors qu’il eut rompu les cachets des Tablettes de cire où elles estoient gravées.


LE ROY D’ASSIRIE
A ARTAMENE.


Ie louë cette scrupuleuse vertu, qui vous a forcé de n’escouter pas vostre generosité ; elle qui auroit sans doute esté bien aise, d’accorder la liberté à un Ennemy qui vous la demandoit : si elle eust pû consentir que vous eussiez un peu manqué à ce que vous deviez au Roy des Medes. Mais comme je suis equitable envers vous, ne soyez pas injuste envers moy, & ne blasmez pas un Prince, qui ne se seroit pas sauvé, si vous l’aviez laissé sur sa foy : & qui n’a pas creû faire un crime de s’échaper de ses Gardes pour tascher de delivrer nostre Princesse. Pour vous tesmoigner qu’en rompant ma prison, je n’ay pas rompu les conditions de nostre Traité ; je vous promets tout de nouveau, de vous advertir de