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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/25

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ennemis qui l’environnoient : les prodigieux avantages qu’il avoit remportez en toutes les autres : le merveilleux combat où il s’estoit trouvé seul vainqueur de deux cens ennemis ; & où il avoit eslevé un Trophée si glorieux : le combat qu’il avoit fait avez Artane : la prise de Cerasie : les Batailles qu’il avoit gagnées contre le Roy de Pont : ces Armes esclatantes qu’il avoit prises, pour se faire mieux remarquer, à ceux qui avoient conspiré contre sa vie : ces Armes simples qu’il avoit choisies en suite, pour se cacher à ceux qui avoient ordre de l’espargner : l’action genereuse qu’il avoit faite, en rendant l’argent, & laissant emporter les Boucliers à ces vaillans Soldats qui n’avoient pas voulu les laisser : & tant d’autres, dont elle se souvenoit aussi precisément, que si elles fussent venuës d’arriver. Cependant, dit-elle à Martesie, il ne paroist nulle ambition dans l’esprit d’Artamene : & je ne conçoy point, ny ce qui le retient icy, ny ce qu’il y pretend. Ce n’est pas que le Roy mon Pere n’ait beaucoup fait pour luy : mais apres tout, ses services font encore infiniment au dessus de ses recompenses : & c’est pour cela Martesie, que je souhaite qu’il soit plus innocent que Philidaspe. Car encore que ce dernier ait du cœur & de l’esprit, & qu’il ait aussi fort bien servy en diverses rencontres ; il y a pourtant une notable difference entre eux. L’humeur turbulente de Philidaspe ne me plaist pas : & de plus, je pense qu’il est plus ambitieux, & plus interessé qu’Artamene.

Ce fut de cette sorte, Seigneur, que cette premiere conversation se passe : Cependant comme le Roy pardonna à ces deux illustres Criminels, la Princesse creût qu’elle ne devoit pas faire esclater son ressentiment : si bien qu’elle ne laissa pas d’envoyer sçavoir