Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/325

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autres Princes qui l’environnoient) que je voudrois qu’Artamene fuſt innocent, ou que du moins il m’euſt advoüé ſon crime avec repentir,. & en avoir donné un de mes Royaumes : & pour vous faire voir que je fais ce que je puis, je vous permets à tous au retour du Temple, où je m’en vay, de le voir les uns apres les autres : afin de luy perſuader de m’obeïr en cette occaſion : & de ne me faire pas opiniaſtrément un ſecret d’une choſe que je veux & que je dois sçavoir. En diſant cela, Ciaxare ſans leur donner loiſir de reſpondre, ſortit de ſa chambre, & fut au Temple remercier les Dieux de la grace qu’ils luy avoient faite : & les ſupplier de vouloir achever de la luy faire toute entiere, en redonnant la liberté à la Princette ſa fille. Tout le monde le ſuivit à cette ceremonie : & cette heureuſe nouvelle, ayant bien toſt paſſé de la Ville au Camp, il y eut une reſjoüiſſance generale par tout. Au retour du Temple, le Roy de Phrigie qui n’avoit pas oublié ce que Ciaxare avoit dit, le ſupplia d’envoyer ordre à Andramias de laiſſer voir Artamene à quelques uns de ſes amis : afin, luy diſoit il, de taſcher de deſcouvrir ce qu’il vouloir sçavoir. Le Roy de Medie qui en effet en l’eſtat qu’il voyoit les choſes, euſt eſté bien aiſe qu’Artamene luy euſt demandé pardon, afin de le luy accorder : ſouffrit que la plus grande partie de ces Princes, & des perſonnes de qualité, vident Artamene les uns apres les autres par petites Troupes : de ſorte que dés l’inſtant meſme que la permiſſion en fut donnée, & l’ordre envoyé à Andramias ; le Roy de Phrigie & celuy d’Hircanie furent le viſiter, accompagnez de Chriſante & de Feraulas : biffant tous les autres dans une impatience extréme, de pouvoir joüir