Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/31

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tant de ſignes & tant de prodiges ne nous ont eſte donnez, que pour nous faire eſperer la naiſſance du plus Grand Prince de la Terre ; que pour nous faire attendre un bonheur infiny ; & non pas pour nous menacer d’une ſupréme infortune. En effet, qu’à fait l’illuſtre Artamene de puis le premier jour qu’il aborda à Sinope, & que j’eus le bonheur de le voir dans noſtre Temple ; Pour moy en mon particulier, je sçay bien que ſa valeur nous a plus donné de matiere de Sacrifices, pour remercier les Dieux des victoires qu’il a remportées pour vous, qu’il n’y en a eu en Capadoce, en Galatie, & en Medie depuis quatre ſiecles. Les Dieux Seigneur, n’ont pas permis qu’il vous ait ſauve la vie, pour vous rendre Maiſtre de la ſienne : il n’eſt pas nay voſtre Sujet ; & vous le devez traiter comme voſtre égal. Si l’illuſtre Cyrus n’eſtoit pas fils de Roy, & qu’il fuſt nay dans vos Eſtats, vous pourriez diſposer abſolument de ſa fortune & de ſa vie ; ſans en rendre compte qu’aux Dieux : mais il eſt nay Sujet d’un autre Prince qui eſt ſon Pere : & vous ne devez pas uſurper une authorité qui ne vous apartient point. Joint qu’apres tout, Seigneur, ces Perſonnes eminentes que les Dieux promettent, & que les Dieux envoyent pour leur propre gloire, doivent eſtre Perſonnes ſacrées & inviolables. Quand nous nous ſommes reſjoüis de la fauſſe nouvelle de la mort de Cyrus, nous croiyons qu’il deuſt eſtre méchant, & nous le croyons mort par un naufrage, & par la permiſſion des Dieux, ſans y avoir rien contribué de noſtre part : mais aujourd’hui que nous sçavons