Page:Sedaine - Théâtre.djvu/344

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DUBOIS.

C’est de la main de monsieur le marquis. « Ce jeudi, 16 du courant, au matin. Aujourd’hui, à cinq heures un quart du soir, Dubois dira à sa femme de s’habiller, et de mettre une robe. À six heures et demie, il partira de chez lui avec sa femme, sous le prétexte d’aller promener. À sept heures et demie, il se trouvera à la petite porte du parc. À huit heures sonnées, il confiera à sa femme qu’ils sont là l’un et l’autre pour m’attendre. À huit heures et demie… »

LA MARQUISE.

Voilà bien du détail : donnez, donnez. (Elle parcourt le papier des yeux.) Eh bien ?

DUBOIS.

Monsieur est arrivé à dix heures passées. Ma femme mourait de froid : c’est qu’il était survenu un accident à la voiture. Monsieur était dans sa diligence ; il en fait descendre deux femmes, l’une jeune et l’autre âgée. Il a dit à ma femme : « Conduisez-les dans mon appartement par votre escalier. » Monsieur est rentré. Il n’a dit à la plus jeune que deux mots ; et il nous les a recommandées.

LA MARQUISE.

Hé ! où ont-elles passé la nuit ?

DUBOIS.

Dans la chambre de ma femme, où j’ai dressé un lit.

LA MARQUISE.

Et monsieur n’a pas eu plus d’attention pour elle ?

DUBOIS.

Vous me pardonnerez, madame ; il est revenu ce matin avant d’aller à la chasse ; il a fait demander la permission d’entrer ; il a fait beaucoup d’honnêteté, beaucoup d’amitié à la jeune personne, beaucoup, beaucoup…