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M. DÉTIEULETTE.

Madame, que faut-il faire ?

LA MARQUISE.

Si vous vouliez passer un instant dans ce cabinet ?

M. DÉTIEULETTE.

Avec plaisir.

LA MARQUISE.

Vous n’y serez pas longtemps. Sitôt qu’il sera sorti de mon appartement, vous serez libre. Vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer ; vous pourrez de la entendre notre conversation. Je serai même charmée que vous nous écoutiez.


Scène XXI

LA MARQUISE, GOTTE.
LA MARQUISE.

Ah ! monsieur de Clainville, nous ne prenons d’empire que sur les âmes faibles ! Je suis piquée au vif… oui… oui… il peut avoir tenu de ces discours-là… je le reconnais. Lui… lui, qui par l’idée de son propre mérite, aurait été l’homme le plus aisé… Ah ! que je serais charmée si je pouvais me venger… m’en venger, là, à l’instant ; et prouver… Mais comment pourrais-je m’y prendre ?… Si je lui faisais raconter à lui-même, ou plutôt en lui faisant croire… non… il faut que cela intéresse particulièrement mon officier… je veux qu’il en soit en quelque sorte… Si, par quelque gageure. (Ici, elle fixe la porte et la clé en rêvant.) Monsieur de Clainville… Ah ! (Elle dit cela en souriant à l’idée qu’elle a trouvée.) Non, non… il serait pourtant plaisant… Mais que risqué-je…… (Elle se lève, tire la clé du cabinet avec mystère.) Il serait bien singulier que cela réussit. (Elle rit de son idée, en mettant la clé dans sa poche ; elle s’assied.) Gotte, donnez-moi mon sac à ouvrage.