Page:Sedaine - Théâtre.djvu/368

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sait employer. Les femmes croient savoir la langue française ; et nous sommes bien ignorantes. Que de termes d’art, de sciences, de talents et de ces arts que vous appelez…

LE MARQUIS.

Mécaniques.

LA MARQUISE.

Mécaniques ! eh bien ! voilà encore un terme.

LE MARQUIS.

Madame, un homme un peu instruit les sait tous, à peu de chose près.

LA MARQUISE.

Quoi ! de ces arts mécaniques ?

LE MARQUIS.

Oui, madame, je ne me citerai pas pour exemple : je me suis donné une éducation si singulière ! Et sans avoir un empire à réformer, Pierre le Grand n’est pas entré plus que moi dans de plus petits détails ; il y a peu, je ne dis pas de choses servant aux arts, aux sciences, aux talents, mais même aux métiers, dont je n’eusse dit les noms ; j’aurais jouté contre un dictionnaire. (Pendant ce commencement de scène, M. de Clainville peut défaire ses gants, et les donner, ainsi que son couteau de chasse, à un domestique.)

LA MARQUISE.

Je ne jouterais donc pas contre vous ; car, moi, à l’instant, je regardais cette porte, et je me disais : chaque petit morceau de fer qui sert à la construire a certainement son nom ; et, hors la serrure, je n’aurais pas dit le nom d’un seul.

LE MARQUIS.

Hé bien ! moi, madame, je les dirais tous.

LA MARQUISE.

Tous ? cela ne se peut pas.