Page:Segalen - René Leys.djvu/113

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de leur King. (Le haut mandarin refusa.) Seuls les Français ne risquèrent ici aucune démarche « humiliante ». Il est vrai qu’ils n’envoyèrent ici aucun ambassadeur attitré. Leur mémoire historique et leur honneur sont saufs. Et c’est d’un front haut que je passe la porte.

Ensuite, j’essaie de repérer exactement mon chemin. Difficile à démêler, ce lacis équivoque de portes, de cours intérieures, rectangulaires et symétriques : je sais bien qu’il y a, courant du sud au nord, l’axe et la raison d’être de ce palais quadrillé : la voie droite, la voie médiane… je cherche à noter le moment exact où je la franchirai… De temps à autre, des valets à robe bleue et face blême, paraissent, regardent, et ne bougent pas sur notre passage… Ils appartiennent chacun à un enclos de ces murailles du même rouge-cinabre, ils s’abritent sous des toits de mêmes courbes jaunes… Comment m’y retrouver ensuite ? Faut-il, ici, où je suis conduit par la Diplomatie, me faut-il demander le chemin ?

Comment, sur un plan, retrouver mes traces ? Et surtout, comment repérer ceci où l’on s’arrête, où l’on pénètre… — « ceci » est une sorte d’antre civilisée, mystérieuse, caverneuse et absorbante comme la bouche à peine entr’ouverte du Dragon intelligent : un Palais chinois, surbaissé, un intérieur de bleus sombres et de verts, meublé seulement d’une estrade basse, — et qui serait vide, vide, à s’en inquiéter, si les murs, laqués de rouge, les colonnes