Page:Segalen - René Leys.djvu/137

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brave… non pas au moment où il s’accrochait à l’homme armé du couteau… — Mais ces dangers avant l’attente, et la vengeance, après l’attentat même avorté. Je voudrais, comme un bon juge, tirer immédiatement tout au clair :

— Qu’est-ce qu’on a fait de l’homme au couteau ?

— En prison dans le palais. Personne ne s’en doute.

— Qui est-ce ? Un officier mécontent ? Un fidèle du Prince ? Un prince…

— Non. Un cuisinier auquel on avait fait des observations.

— Oh ! Comment savez-vous ? Il a tout avoué ?

— Il n’a rien avoué. Il est payé pour ne rien dire. Il ne dit rien.

— Et la question ?… Enfin, comment savez-vous son origine ?

— Par son couteau. Je vous l’ai dit, c’est un couteau de cuisine, dont il avait l’habitude de se servir.

Nous touchons à l’évidence même, à la logique éclatante de l’évidence. Rien ne remplacerait la certitude que voici : l’attentat, dénoncé vingt heures à l’avance par la belle Policière et Vierge-Maîtresse ; la promesse de son futur amant, instigateur de l’attentat. Celui-ci, second fils d’un Prince fort bien en cour, est difficilement « accusable ». Nul doute qu’il n’ait obéi à des motifs d’un ordre très éminemment supérieur. De quel ordre ? Quels furent ses motifs ?