Page:Segalen - René Leys.djvu/152

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— Parfaitement, un assez joli… garçon, figure allongée, grands sourcils…

— Non ! une face ronde et une petite bouche… Eh ! bien, ma concubine a tout à fait l’air d’être sa sœur.

Pour peindre la future bien-aimée, quel besoin a-t-il d’évoquer des contours de jeune garçon gras ?

— Je voudrais bien savoir quelle attitude a prise, à l’offrande, le petit cadeau vivant.

— Elle a voulu se cacher. Elle avait très peur. Le Régent lui a ordonné de rester près de moi. Elle s’est beaucoup amusée de m’entendre parler la langue mandarine du Nord. Elle m’avait pris pour un Mandchou né à Canton d’une mère Portugaise ! Je le lui ai laissé croire. Je ne devais pas me faire reconnaître même avec mon nez européen !

— Pourquoi pas ?

— Et les domestiques ? et la P. S. ?

— C’est vrai. Enfin, rien de plus ?

Une rougeur discrètement négative me renseigne. René Leys n’a rien offert de plus. Peut-être doit-il jouer pour elle le rôle immarcescible que « Indiscutable Pureté » assume là-bas dans sa retraite de Ts’ien-men-waï, vis-à-vis du Deuxième Fils du Prince… Peut-être, par ordre supérieur, doit-il demeurer inébranlablement fidèle ?

Fidèle ; mais à qui ? Par ordre… mais… par ordre… de qui ?

Je vois bien à sa face « redevenue » mate et fermée…