Page:Segalen - René Leys.djvu/22

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fesseur, le petit Belge. J’ai lu tant de choses sur l’exquise défiance de ce peuple… chinois !

Un pas de plus, et je congédierais le petit Belge ?

Non. Il suffit qu’avec mensonge et politesse, j’explique la présence de ce dernier chez moi. Il remplira une fonction anodine,… il sera mon secrétaire… ou, plus commodément, mon ami. C’est fort bien. J’ignore en chinois comment s’énonce « secrétaire », et j’use depuis longtemps, à tort et à travers, de l’épithète avantageuse d’ « ami ».

Mais, plutôt, j’éviterai qu’ils se rencontrent. D’abord ils se parleraient entre eux à mon nez, avec une facilité que j’envie, des tournures qui ne sont point d’un commençant, une véritable sténographie verbale qui m’irrite. Et puis, mon Belge pourrait bien poser des questions à mon Chinois des Bannières sur ses fonctions, — ses fonctions professorales dans une école du Palais, — une école de Police… Oui, maintenant, je suis bien sûr d’avoir compris : « Police secrète ». Et la discrétion s’impose ici, évidemment.

Évidemment, ils ne doivent pas se rencontrer chez moi.