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excentrique, et louer une maison tout près de l’Observatoire, j’ai compris que vous compreniez la Chine.

— Si vite ?

— Moi ! Je suis ici depuis tantôt dix ans et trois mois.

— Et trois mois. Vous les comptez ?

Il déclare avec suffisance :

— Eh bien ! c’était nécessaire ! c’était bien nécessaire ! — Indispensable pour mes opérations.

Je n’ai aucune envie d’en connaître le chiffre. Il poursuit :

— Voyez-vous, je prétends qu’on ne peut traiter avec les Chinois, qu’à la chinoise. Par ailleurs vous perdez votre temps… Ils se méfient de vous… vous n’obtenez absolument rien d’eux…

J’en sais, moi, quelque chose.

— J’ai fait autrement. Ainsi, je suis venu d’abord habiter comme vous la Ville Tartare. J’ai mes domestiques, payés à la chinoise, 3 dollars. J’ai des mules, — pas des chevaux ! — ma charrette chinoise…

Il ajoute familièrement :

— J’ai mes femmes.

Ceci ne m’éblouit pas. J’ai tâté, j’ai goûté aux parèdres femelles que Pei-king, Capitale du Nord, met à portée de ses hôtes de marque ou de passades… Juste au nord du quartier des Légations… Ce monsieur m’en propose sans doute…

— Je viens d’en épouser une.

— Vous…