Page:Segalen - René Leys.djvu/42

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Presque en même temps que le boy, débouche René Leys. C’en est fait ! mes deux professeurs sont en présence. À l’arrivée de l’hôte inattendu, le vieux Wang, levé soudain, a fléchi les jambes, touché la terre du poing droit, dans un salut mandchou, — non chinois, — parfait d’aisance et de souplesse. L’autre, avant même d’accepter la main que je lui tends, a répondu, comme d’instinct, par le même geste, et avec la même aisance, la même souplesse polie. Puis, tout d’un coup, il s’excuse… il paraît bouleversé… il en a des larmes aux yeux… Et il reste là sans rien dire…

Je veux aussi m’excuser : ce brave homme de Chinois n’est pas un professeur en titre. Un ami… indigène… et qui m’était recommandé… chaudement. Je termine :

— D’ailleurs, je vais le congédier.

— Inutile, reprend René Leys. Il n’entend pas un mot de Français.

C’est vrai. Le brave homme s’est de lui-même retiré discrètement derrière des feuillets de livre.

— Ah bien ! dit la voix réellement émue de René Leys, il m’arrive des choses ennuyeuses…

— …

— Mon père veut quitter Pei-king.

Je m’attendais à bien pis, — ou à bien mieux.

— Il prétend avoir des affaires qui l’appellent en France. Et il va y rester quatre ou cinq mois.

— Alors ?