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à la mort, surgie sous la forme d’une bombe qui aurait dû lui éclater sous le ventre ». Le coup manqué n’avait pas retenu mon attention. Et l’on voit de bien autres faits divers au passif des Empereurs, Régents et Rois, des Ministres, des Députés, des Présidents et des Reines de nos Palais d’Europe.

René Leys est surpris de mon peu d’intérêt.

— Savez-vous qui a découvert l’engin ?

— Non, je n’en sais rien. Personne n’en sait rien. J’ai lu dans les journaux que « la police informe et croit tenir les coupables ». On ne saura donc jamais rien.

— La Police ? — Et René Leys prononce le mot avec un mépris tout… parisien. La police est arrivée… trop tard aussi. C’était déjà découvert.

Je prête un peu l’oreille. Mon professeur se déciderait enfin à m’apprendre un peu plus que ne m’en ont enseigné les journaux ?

— C’est découvert d’aujourd’hui par les agents particuliers du Palais.

— Il y a donc une « Police Secrète » ?

J’ai interrompu avec une candeur affectée. Je sais fort bien qu’il y a une Police secrète. Maître Wang me l’a affirmé. À travers lui, elle m’a semblé peu agissante… anodine, et très peu payée…

— C’est par elle qu’on a découvert la bombe ?

Sans demander rien, j’apprends tout : la bombe, un engin énorme et capable de broyer dix ponts, tous en pierre, comme celui de Heou-men, — cette