Page:Segalen - René Leys.djvu/95

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politique, moral, esthétique et social, que j’en pense.

Mais j’ai mieux à lui soumettre. Je reprends ma question.

— Et Yuan Che-k’aï. Que faites-vous de Yuan Che-k’aï ?

Il sourit. J’attends. Il daigne enfin me répondre :

— Yuan Che-k’aï… une invention des Européens !

Oh ! c’est un peu vif ! Yuan est tout autre qu’un fantoche… C’est précisément ce qui m’intéresse en lui. Yuan est un Mandarin de l’Ancien Régime… Un fondé de pouvoirs impériaux… Yuan a d’abord été l’élève de Li Hong-t’chang… un maître…

— Vous êtes trop jeune, mon cher Leys, pour avoir connu Li Hong-t’chang… Ensuite Yuan s’est trouvé tout seul, séparé de son maître, en Corée, à Séoul, comme Commissaire Impérial… N’oubliez pas, qu’il a fait, le premier, tirer le canon contre les Japonais… C’était une responsabilité, cela ! Il fallait défendre la Corée…

— Ce fut un tort. Nous avons été battus.

— Nous… Tiens ! seriez-vous Chinois, mon cher Leys ? Ensuite, en 1900, comme Vice-Roi du Chantoung, avouez qu’il a pris parti pour les Européens…

Il ne répond rien. Était-ce un nouveau tort ?

— Je sais bien qu’en 1898 il avait également pris parti pour l’Empereur contre la Vieille Douairière,