Page:Segard - Le Mirage perpétuel, 1903.djvu/72

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Ruche immense et toujours noire de travailleurs,
Tes fils, comme autrefois les blanches caravelles
Vont conquérir le monde à ta gloire nouvelle,
Puis reviennent pareils à de jeunes vainqueurs,
Dans ta ruche toujours noire de travailleurs ;

Viennent les lourds bateaux chargés de laine vierge !
Tout un peuple en travail au fond des ateliers
Tisse avec ces fils noirs des tissus par milliers,
Impatient déjà qu’à l’Occident émerge
Un navire nouveau porteur de laine vierge !

Ô ma ville brumeuse et triste, ô pays noir,
Ton diadème est fait de hautes cheminées
Qui, se dressant ainsi que des tours forcenées,
D’un panache de feu s’illuminent le soir,
Ô ma ville brumeuse et triste, ô pays noir ;

Mon enfance passée au rhytme des machines
A gardé souvenir de tes bruits familiers,
Et mon âme quand passe un groupe d’ouvriers,
Parfois se remémore ainsi qu’une orpheline
Son enfance bercée au rhytme des machines…