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vais vous raconter tout à l’heure) qu’il y eut du mal et des souffrances dans le monde.

Françoise. Ainsi, dans ce temps-là, si je m’étais coupé un doigt ou crevé un œil, cela ne m’aurait pas fait mal.

Grand’mère. Non ; d’ailleurs le bon Dieu n’aurait pas permis que tu te sois coupé un doigt ou crevé un œil.

Françoise. Pourquoi cela ?

Grand’mère. Parce que c’eût été du mal, et que le bon Dieu ne voulait pas que les hommes innocents pussent souffrir ni avoir de chagrin.

Françoise. Quel dommage que ce ne soit plus comme cela !

Jeanne. Quel malheur qu’Adam et Ève n’aient pas été obéissants !

Grand’mère. Et quel malheur que tous les hommes continuent à être désobéissants ! S’ils voulaient bien obéir au bon Dieu, ils seraient tous heureux après leur mort.

Jacques. Après leur mort, oui, mais pas pendant leur vie ; c’est cela qui est ennuyeux.

Grand’mère. Oui, cher enfant, c’est triste ; mais la vie n’est plus ce qu’elle était. Avant le péché, l’homme ne devait pas mourir ; depuis que la mort doit tous nous frapper un jour, elle nous est une consolation en même temps qu’une punition dans nos chagrins et dans nos souffrances : nous savons en effet que nos peines doivent finir avec la vie, qui passe bien vite, tandis que le bonheur de l’autre monde, du paradis, ne finit jamais. C’est à cela qu’il faut penser quand on souffre ou quand on a du chagrin.

Dieu fit donc pour Adam et Ève ce beau jardin qu’on appelle le Paradis terrestre. Il le leur donna, et il leur dit :

« Mangez de tous les fruits qui sont dans ce jardin. Mais ne mangez pas des fruits de l’arbre de la science du bien et du mal. Car si vous en mangez, vous mouriez certainement. »

Gaston. Ah ! mon Dieu ! Je parie qu’ils vont en manger !