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Valentine. Et les bons Anges ? Est-ce qu’ils ne protégeaient pas Adam et Ève ?

Grand’mère. Ils les protégeaient certainement, mais Dieu avait créé l’homme libre, et il ne voulait pas que l’homme fit le bien ou le mal par force ; il fallait que sa volonté restât libre. Les anges pouvaient donc lui donner de bonnes pensées, de bons sentiments, mais ils ne pouvaient pas l’empêcher par la foi leur puissance de faire le mal.

Lucifer prit donc la forme d’un beau serpent, et il se cacha près de l’arbre de la science du bien et du mal. Un jour qu’Ève se promenait de ce côté…

Armand. Dieu ! qu’elle est bête, cette Ève ! Pourquoi va-t-elle se promener par là ?

Grand’mère. Elle n’avait aucune mauvaise pensée en y allant, elle voulait seulement voir.

Jeanne. Que c’est sot d’être curieux !

Grand’mère. Oui, la curiosité fait souvent beaucoup de mal ; et c’est ce qui arriva à Ève. Elle s’approcha de l’arbre, et aperçut le serpent qui se tenait tout auprès.

« Pourquoi, lui dit-il d’une voix douce, ne mangez-vous pas de ces excellents fruits ? »

Gaston. Comment ! les bêtes parlaient donc dans le Paradis terrestre ?

Grand’mère. Non, mon enfant, les bêtes n’ont jamais parlé ; c’était le démon qui parlait par la bouche du serpent. Comme il était très-beau, Ève crut sans doute que c’était un bon Ange qui lui parlait sous cette forme.

Quoi qu’il en soit, Ève ne trouva pas la chose singulière, puisqu’elle répondit au serpent :

« Dieu nous a défendu de manger des fruits de cet arbre ; nous pouvons manger de tous les autres fruits, mais pas de ceux-ci, parce que, si nous en mangeons, nous mourrons. »