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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/121

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« Il va se tuer, ce pauvre garçon, se disait le père Thomas. Et faut-il que je l’aie malmené, humilié, injurié et battu même pendant plus d’un an ! Et lui qui supportait tout ça sans seulement riposter. Et de penser qu’au bout de ces mauvais traitements, il me fait avoir la bringée ! Gueux que je suis ! Pauvre Lucas ! Je ne veux plus le faire aller à l’école du tout. »

Le père Thomas, qui était toujours dans les extrêmes, ou trop indulgent ou trop sévère, hâta le pas pour rejoindre Lucas et lui porter cette bonne nouvelle. Mais quand il arriva à la ferme, Lucas y était depuis longtemps, et la mère Thomas attendait à la barrière le père Thomas et la vache bringée.

« Lucas, Lucas, cria le père Thomas du plus loin qu’il les aperçut, je me dépêche d’arriver pour te dire que tu n’iras plus à l’école, que tu emploieras ton temps comme tu le voudras tous les jours, toute la journée.

Lucas.

Je vous remercie, mon père, mais j’aime mieux, si vous voulez bien me le permettre, aller à l’école la demi-journée. De cette façon, je pourrai me rendre utile à la ferme et avoir assez de connaissances pour savoir lire et écrire.

Thomas.

Tiens, tiens ! Comment, voilà que tu veux savoir lire à présent ?

Lucas.

Certainement, mon père ; si j’avais su lire, vous