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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/222

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avez fait une peur épouvantable ; vous avez voulu l’assommer ; il est revenu de chez vous blanc comme un linge.

Thomas.

Ah ! ah ! ah ! c’est bien fait ; ça lui apprendra de faire des erreurs. Il m’a mis dans une colère ! Pour un rien je l’aurais assommé. Comment as-tu osé venir ? Tu sais que lorsque je suis en colère, je n’y vais pas de main morte.

Gaspard.

Oui, oui, mon père, je m’en souviens ; mon école m’a valu bien des coups ; et plus d’une fois vous m’avez battu à me rendre malade pendant plusieurs jours. Je puis dire qu’il m’a fallu du courage pour arriver à la position que j’ai.

Thomas.

C’est bon, c’est bon ! Inutile de revenir sur le passé ; si tu as eu des coups pour t’empêcher d’aimer l’école, Lucas en a eu quelques-uns aussi pour l’y faire aller. Le voilà qui lit bien maintenant ; il y a plus d’un an que je ne l’ai battu.

Gaspard.

Comment, vous l’avez battu il y a un an encore ?

Thomas.

Mon Dieu, oui. Que veux-tu ? J’étais en colère ! J’avais mal vendu mes petits cochons, et voilà Lucas qui, en les chargeant dans la voiture, en laisse tomber un et lui casse la patte. Ah ! il a eu ce jour-là une fameuse raclée. J’étais hors de