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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/318

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Gaspard.

Je vous obéirai, mon père… Avant d’écrire, il faut que j’aille à la mairie pour faire constater le décès et faire l’acte.

M. Féréor.

Envoies-y quelqu’un. Tu ne manques pas de monde pour faire tes commissions. Mon fils doit être obéi et servi comme moi-même.

Gaspard.

Merci, mon père, mais je ne ferai rien sans vous consulter.

M. Féréor.

Bien, mon enfant. Donne tes ordres, écris tes lettres, et retourne chez ta mère. Est-elle bien affligée ?

Gaspard.

Je crois que oui, au premier moment ; mais elle a Lucas, et mon père ne la rendait pas heureuse. Il ne la ménageait guère ; je l’ai vu bien des fois frapper ma mère, et bien rudement. Elle sera plus tranquille seule avec Lucas.

M. Féréor.

Tant mieux, alors. Et toi ? Parle franchement, est-ce un chagrin pour toi ?

Gaspard.

C’est toujours douloureux de perdre un père, mais le mien ne m’a jamais aimé ; je ne puis donc le regretter très vivement : je ne l’avouerai à personne qu’à vous, car je n’aime au monde que vous, et je ne dis ce que je pense qu’à vous.