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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/406

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au catéchisme. Nous établirons des sœurs de charité, une salle d’asile et bien d’autres choses ; vous serez mon premier ministre ; et demandez sans vous gêner ; vous voyez comme mon mari est bon et généreux pour moi. Et vous lui payerez tout cela en priant beaucoup pour lui ; n’est-ce pas, mon cher monsieur le curé ? Je vous demande beaucoup de prières pour lui et pour mon pauvre beau-père qui est bien bon aussi, mais qui pense tant à ses affaires qu’il oublie le bon Dieu et ceux qui souffrent. Ce pauvre père, je l’aime bien. C’est lui le premier qui a été bon pour moi, qui m’a appelée sa fille, qui m’a embrassée, qui m’a tutoyée ; c’est bien bon, tout cela, n’est-ce pas, monsieur le curé ?

Le curé ne put s’empêcher de rire.

« J’avoue, madame, que je n’y trouve pas grand mérite. »

Mina sourit.

« C’est que vous ne savez pas tout ; vous ne savez pas que, lorsque Gaspard m’a épousée, il croyait que j’étais une grosse rousse, bête et maussade. Ah ! ah ! ah ! Je ris toujours quand je pense à cette drôle d’idée de Gaspard et de mon pauvre père. »

Le curé était fort surpris ; cette confidence dénotait un enfantillage qu’il ne s’expliquait pas.

Le curé.

Pardonnez-moi, madame, une question indiscrète. Quel âge avez-vous ?