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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/45

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Gaspard.

Je ne serai pas tout pâle. Est-ce que le vieux M. Féréor est pâle ?

L’ouvrier.

Pour ça, non ; je dois dire qu’il est violet tirant sur le noir, à force de se brûler le sang à courir les grandes routes jour et nuit et à expérimenter ses fourneaux. Et tu trouves, toi, que c’est une jolie couleur pour un chrétien ?

Gaspard.

Ce n’est pas à la couleur de M. Féréor que je veux arriver, c’est à sa position.

Le père.

Et tu crois, nigaud, que tu arriveras comme lui aux millions qu’il a gagnés ?

Gaspard.

Pourquoi pas ? Puisqu’il les a gagnés, je peux bien les gagner aussi.

Un ouvrier.

Oh ! oh ! monsieur a de l’ambition !

Le père.

Imbécile ! à quoi te serviront tes millions quand tu seras mort ?

Gaspard.

Ils me serviront autant que vous servent vos trèfles et vos blés.

Le père.

Pour ça, tu as raison, après la mort ; mais pendant la vie, c’est meilleur.

Gaspard.

Comment cela ?