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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/59

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Lucas.

Non, mon père, mais le fort de l’ouvrage est fait, il ne reste guère de trèfle à rentrer. Le maître n’aime pas qu’on s’absente ; voici les prix qui approchent, et, si nous manquons de suite, nous n’aurons rien du tout, Gaspard et moi.

Le père Thomas.

Ah ! bien ; si c’est ainsi, vas-y ; mais j’ai bonne envie de garder Gaspard ; le maître l’aime bien ; il n’y a pas de danger qu’il lui refuse des prix.

Lucas.

Tout comme à d’autres. Ça le vexe quand les bons élèves manquent, parce que l’inspecteur peut venir à passer pour interroger, et que, si les savants ne s’y trouvent pas, ça n’a pas bon air pour l’école.

Le père Thomas.

Écoute, Lucas, tu veux m’en faire accroire ; tu ne te soucies pas plus de l’école aujourd’hui que tu ne t’en souciais hier ; tu veux y aller pour y faire aller Gaspard.

Lucas, riant.

Eh bien ! oui. Vous avez deviné juste, tout de même. Mais c’est que, voyez-vous, mon père, Gaspard a trop de chagrin quand il ne va pas à l’école ; il n’en a pas dormi de la nuit. Et puis aussi, c’est qu’il ne savait comment se coucher ; il avait mal dans le dos, dans les épaules.