Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/67

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« Ma foi, dit le père, j’aime autant, si ce n’est mieux, le prix de bonne humeur de Lucas, que tous les prix de science de Gaspard. À quoi lui serviront-ils ? à perdre son temps et ses forces.

Le père Guillot.

Ne croyez pas ça, père Thomas ; voyez les garçons du père Michel : l’un est un beau monsieur, et l’autre est un clerc de notaire, c’est-il pas beau ça ?

Le père Thomas.

Ça leur fait une belle affaire d’avoir élevé si grandement leurs garçons. Le grand flâne toute la journée et passe son temps à aller, venir, sans rien gagner ; le second ne vaut guère mieux. Et les parents sont gênés, endettés ; ils vivent seuls dans leurs vieux ans, et rien ne marche chez eux.

De son côté Gaspard n’était pas pleinement satisfait ; il ne pouvait se défendre de quelques inquiétudes sur son avenir. L’ambition pénétrait peu à peu dans son cœur et le rendait silencieux et maussade. Ses premiers succès semblaient l’attrister au lieu de lui donner le bonheur.

Vignette de Bertall
Vignette de Bertall