Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/180

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L’ÉLÈVE.

Gargilier ! Une bonne pratique, allez ! Bête comme il n’y en a pas ; niais comme on n’en voit pas, un vrai Jocrisse.

LE PORTIER.

Bien, bien, on en fera son profit ; merci, monsieur… Tout de même ne mangez pas tout.

L’ÉLÈVE.

Non, non, je n’en mange que juste la moitié : le reste est pour lui.

L’élève partit en courant, et remit aux mains impatientes d’Innocent cinq croquets, une pomme, dix noix et une tarte.

L’ÉLÈVE.

Tiens, Gargilier, tu vas te régaler ; j’en ai pris beaucoup, tu en auras pour deux ou trois jours ; alors tu me redois un franc quinze, que j’ai payés pour toi.

INNOCENT.

Comme c’est cher ! Deux francs quinze pour si peu de chose !

L’ÉLÈVE.

Tu appelles ça peu de chose, toi ! Cinq beaux croquets…

INNOCENT.

Pas déjà si beaux, et secs comme des pendus.

L’ÉLÈVE.

Une pomme magnifique…