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XI

LA POUSSÉE


Innocent croyait être rentré en grâce auprès de ses camarades ; les dernières récréations s’étaient bien passées ; le maître d’étude, qui les surveillait de près, ne trouva rien à redire à la conduite des élèves envers Innocent, qu’il honorait d’une protection particulière, et qui cherchait toutes les occasions de lui être agréable. Les élèves s’apercevaient bien de la faveur d’Innocent ; ils en parlaient bas entre eux, mais ils ne lui en faisaient voir ni jalousie ni rancune. Trois jours s’étaient passés depuis l’entrée d’Innocent en pension ; il paraissait s’habituer à ses camarades, et eux, de leur côté, ne semblaient avoir conservé aucun souvenir des orages du premier jour. Mais ce calme était un calme trompeur ; l’oubli du passé n’était qu’apparent. Le grand élève ne perdait pas de vue sa vengeance, exaspéré