Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/23

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triomphe ; lorsqu’ils se furent assurés qu’ils étaient seuls, qu’on ne pouvait les entendre, ils laissèrent éclater leur joie par des battements de mains, des cris d’allégresse, des gambades extravagantes.

INNOCENT.

Je t’avais bien dit que nous l’emporterions à force de tristesse et de pleurs. Je sais comment il faut prendre papa et maman. En les ennuyant, on obtient tout.

SIMPLICIE.

Il était temps que cela finisse, tout de même ; je n’y pouvais plus tenir ; c’est si ennuyeux de toujours bouder et pleurnicher. Et puis, je voyais que cela faisait de la peine à maman ; je commençais à avoir des remords.

INNOCENT.

Que tu es bête ! Remords de quoi ? Est-ce qu’il y a du mal à vouloir connaître Paris ? Tout le monde y va ; il n’y a que nous dans le pays qui n’y avons jamais été !

SIMPLICIE.

C’est vrai, mais papa et maman resteront seuls tout l’hiver ; ce sera triste pour eux.

INNOCENT.

C’est leur faute ; pourquoi ne nous mènent-ils pas eux-mêmes à Paris ? Tu as entendu l’autre jour Camille, Madeleine, leurs amies, leurs cousins et cousines ; tous vont partir pour Paris.