Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PRUDENCE.

Oh ! mesdemoiselles ! c’est-y possible ! Cette pauvre mamzelle Simplicie ! Je n’aurais jamais cru.

CLAIRE.

Vous avez raison de ne pas croire que ce soit par jalousie que nous avons coupé si maladroitement les cheveux de votre pauvre Simplicie ; nous avons été maladroites en voulant la débarrasser de sa couronne de pivoines, qui était ridicule.

PRUDENCE.

Mamzelle trouve ! C’était pourtant bien joli ; je les avais cousues bien solidement, et ça faisait bon effet sur la tête de mamzelle.

Tout en parlant, Prudence défaisait les nattes de sa jeune maîtresse ; on lui avait apporté un peigne et une brosse. Quand tout fut défait, il n’en resta pas le quart sur la tête de Simplicie ; presque tout était coupé. Simplicie pleurait, Prudence se désolait, les enfants étaient consternées, quoique Simplicie n’inspirât pas beaucoup de compassion.

« Que faire ? s’écria enfin Claire. Comment la coiffer ? Je vais demander à maman de venir voir. »

Claire courut raconter à sa mère ce qui était arrivé. Mme de Roubier ne fut pas fâchée de cette leçon donnée à la vanité de Simplicie ; elle alla juger par elle-même, avec ses sœurs et ses amies, de l’étendue du dégât ; elle sourit de la figure étrange de Simplicie, et jugea qu’un coiffeur seul pouvait trou-