Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/297

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MADAME DE ROUBIER.

Qu’est-ce que c’est ? Que vous est-il arrivé ? Pourquoi Simplicie a-t-elle le visage enflé et rouge ? Pourquoi venez-vous de si bonne heure ?

SIMPLICIE.

C’est ma tante qui m’a battue hier soir quand je suis rentrée ; elle a battu aussi Prudence ; je ne veux plus rester chez elle, elle est trop méchante, elle me rend trop malheureuse.

MADAME DE ROUBIER.

Mais pourquoi, ma pauvre enfant, au lieu de venir ici, ne retournez-vous pas à Gargilier chez vos parents ?

Simplicie embarrassée ne répondit pas ; Prudence prit la parole.

« Mamzelle ne peut pas y retourner sans la permission de Monsieur et de Madame, parce que, voyez-vous madame, ils sont en colère contre mamzelle et son frère, qui ont tant pleuré, tant tourmenté monsieur et madame pour venir à Paris, que la moutarde a monté au nez de monsieur ; il m’a appelée, et m’a dit :

« Prudence, tu as vu naître mes enfants, tu leur es dévouée ; veux-tu les suivre à Paris ?

« — Oh ! monsieur, que je lui dis, j’irai partout ou Monsieur voudra ; avec lui et madame, je ne crains pas Paris.

« — C’est sans nous qu’il faut y aller, ma pauvre