Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/331

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grande impatience. Je ne veux pas croire que vous me refusiez, car je sens que je mourrais de chagrin si je restais ici. Je vous embrasse, mon cher papa et ma chère maman, et je suis votre fils bien repentant et bien malheureux,

« Innocent Gargilier. »


Quand cette lettre fut écrite. Innocent se sentit le cœur soulagé ; il savait combien ses parents l’aimaient, et il ne douta pas que son père ne vînt immédiatement le chercher. Dans cet espoir, il écrivit à Prudence pour lui demander de venir le voir et pour lui raconter ce qui venait de lui arriver et la demande qu’il avait adressée à son père.

Le chef d’institution écrivait de son côté à M. Gargilier :


« Monsieur,

« Je dois vous prévenir que monsieur votre fils a été pris en grippe par ses camarades à la suite d’une dénonciation qu’il a faite dans l’ignorance des usages des pensions. On lui a fait subir deux épreuves dans lesquelles il a couru des dangers sérieux et sans que les maîtres chargés de la garde des élèves aient pu l’empêcher. Il est sans cesse en proie à des vexations de toute sorte. Dans ces conditions et dans son intérêt, il m’est impossible de le garder, et je vous serai obligé de me délivrer le