Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/345

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Simplicie rentrait de son côté, désolée d’avoir manqué le spectacle dont elle comptait tant s’amuser ; Prudence, agitée de la crainte d’être retrouvées et enlevées par Mme Bonbeck, et Coz content d’avoir sauvé ses protégées des vivacités de cette excellente furie. En rentrant, elles apprirent que Mlles de Roubier étaient encore venues voir Simplicie et avaient témoigné leur étonnement de la savoir sortie.

Simplicie se coucha et dormit profondément ; Prudence en fit autant, Coz mit son lit en travers de la porte d’entrée. Rassuré par cette mesure contre toute attaque nocturne, il ne tarda pas à ronfler jusqu’au lendemain.

Plusieurs jours se passèrent ainsi : Simplicie voyait chaque soir Mlles de Roubier ; elle devenait meilleure en leur société, et sentait de plus en plus ses ridicules et ses défauts. Elle attendait avec anxiété une réponse à la lettre qu’elle avait adressée à sa mère le jour même qu’Innocent écrivait à son père, et qui était conçue dans les termes suivants :

« Ma chère maman,

« Je ne suis plus chez ma tante ; je me suis échappée avec Prudence et Coz ; ma tante m’a tant battue, que j’avais le visage et la tête rouges et enflés ; elle a battu aussi Prudence ; nous ne savons pas pourquoi. Ma tante m’avait déjà donné plusieurs souf-