Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/357

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INNOCENT.

Je n’ai jamais chargé Oursinet d’un achat.

LE PORTIER.

Pardon, excuse, monsieur. M. Félix est venu me demander un crédit pour faire affaire avec vous, et à preuve qu’il m’a donné cinq francs pour commencer.

INNOCENT.

Oursinet est un fripon. Je prie monsieur le chef d’institution de vouloir bien le faire venir.

M. DOGUIN.

Père Frimousse, amenez-moi Oursinet. »

Le portier s’empressa d’obéir ; plein d’inquiétude pour le payement de sa note, il ne fut pas longtemps à faire comparaître devant le maître celui qu’il soupçonnait déjà d’avoir abusé de sa bonne foi.

« Savez-vous pourquoi on me demande ? demanda Oursinet.

— Comment puis-je savoir ? Pour vous donner une sortie de faveur, peut-être… Attrape, se dit-il en lui-même ; tu vas avoir une bonne danse, et moi je te secouerai jusqu’à ce que j’aie retrouvé mes trente-cinq francs et vingt-cinq centimes. »

Ils entrèrent au parloir. Quand Oursinet vit Innocent, il devina ce qui allait arriver et voulut payer d’audace.

« Monsieur m’a demandé ? dit-il d’un air patelin.

M. DOGUIN.

Oui, monsieur Oursinet ; nous avons besoin de