Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/380

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mener ; gardez-moi jusqu’à l’arrivée de Prudence et de Coz, qui sont allés chercher Innocent. »

Mme Bonbeck s’élança vers sa nièce pour la saisir et l’emmener de force ; mais, Boginski se plaça devant Simplicie :

« Non ; non, mâme Bonbeck, moi pas laisser prendre par force pauvre enfant. Pas bien, ça ! non, pas bien.

— Drôle, cria Mme Bonbeck, misérable ingrat ! »

Et, se jetant sur Boginski, elle voulut passer ; il la repoussa doucement ; elle l’accabla d’injures, de coups ; il supporta tout et ne bougea pas d’une semelle.

« Pas bien, mâme Bonbeck, pas bien ! Battre moi, ça fait rien, moi pas faire mal ; mais battre enfant, c’est mauvais. Pauvre petite ! elle a peur ; veut pas venir, veut rester ; faut la laisser.

— Animal ! dit Mme Bonbeck en s’éloignant, je te croyais plus plat. J’aime mieux ça ; je n’aime pas les gens qui me cèdent toujours. Vous avez raison, mon ami, il faut laisser cette péronnelle. Qu’en ferais-je, au total ? Qu’elle aille au diable ! ça m’est parfaitement égal. »

Mme Bonbeck regarda Simplicie avec dédain, et, tournant les talons, elle marcha vers la porte d’entrée.

« Ouvrez », dit-elle à Boginski.

Boginski ouvrit et attendit pour la laisser passer.