Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/43

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position des quatre victimes. Enfin, avec un peu d’aide, quelques tapes au chien, quelques poussades à la dame et quelques secours au garçon, chacun se releva plus ou moins en colère.

« Madame veut-elle qu’on la hisse ? dit un des voyageurs.

— Je veux user de mes droits », répondit Mme Courtemiche, d’une voix tonnante.

Et, saisissant son Chéri mignon de ses bras vigoureux, elle s’élança, avec plus d’agilité qu’on n’aurait pu lui en supposer, à la portière de l’intérieur restée ouverte. De deux coups de coude elle refit sa place et celle de Chéri mignon, et déclara qu’on ne l’en ferait plus bouger.

Ses compagnons de l’intérieur voulaient réclamer, mais les autres voyageurs étaient impatients de partir, le conducteur se voyait en retard ; sans écouter les lamentations de Prudence, de Mme Petitbeaudoit et des deux Polonais (c’est-à-dire de Boginski et de son compagnon), il monta sur le siège, fouetta les chevaux, et la diligence partit.

PRUDENCE.

Vous voilà donc revenue avec votre vilaine bête, madame. Prenez garde toujours qu’elle ne gêne ni moi ni mes jeunes maîtres, et qu’elle ne nous empeste pas plus que de droit.

MADAME COURTEMICHE.

Qu’appelez-vous vilaine bête, madame ?