Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/60

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cher et pour perdre leur odeur repoussante. Simplicie était en lutte avec une nourrice qui lui déposait un de ses nourrissons sur le bras. La nourrice ne se décourageait pas et recommençait sans cesse ses tentatives. Simplicie sentit un premier regret d’avoir quitté la maison paternelle ; ce voyage dont elle se faisait une fête, qui devait être si gai, si charmant, avait commencé terriblement et continuait fort désagréablement.

« Prudence, dit-elle enfin à l’oreille de sa bonne, prends ma place, je t’en prie, et donne-moi la tienne ; cette nourrice met toujours son sale enfant sur moi ; tu le repousseras mieux que moi. »

Prudence ne se le fit pas dire deux fois ; elle se leva, changea de place avec Simplicie, et, regardant la nourrice d’un air peu conciliant, elle lui dit en se posant carrément dans sa place :

« Ne nous ennuyez pas avec votre poupon, la nourrice. C’est vous qui en êtes chargée, n’est-ce pas ? C’est vous qui gardez l’argent qu’il vous rapporte ? Gardez donc aussi votre marmot : je n’en veux point, moi ; vous êtes avertie ; tant pis pour lui si j’ai à le pousser. Je pousse rude, je vous en préviens.

LA NOURRICE.

En quoi qu’il vous gêne, mon enfant ? le pauvre innocent ne sait pas seulement ce que vous lui voulez.