Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/102

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ce qu’il aura dit et prescrit. Ne va pas proposer à ton père de le loger, ce serait comme si tu lui disais : « Mon cher père, vous avez eu une attaque qui peut se renouveler d’un moment à l’autre et vous tuer subitement, et comme je ne veux pas que vous mouriez tout seul, je vous demande de venir mourir chez moi, ce qui vous arrivera beaucoup plus sûrement et plus promptement que chez vous, impressionné comme vous le serez par la connaissance du danger que vous courez (selon moi), et dérangé nuit et jour par le bruit de la rue, celui des enfans, et le changement de vos habitudes et de votre service particulier. » Il en serait presque de même si je m’empressais d’accourir; il comprendrait bien vite que l’un de vous m’a avertie qu’il pouvait finir d’un moment à l’autre et que je reviens pour assister à ses derniers moments. Je saurai demain l’avis de M. Tessier, et j’agirai en conséquence, niais pas de manière a effrayer ton père et provoquer une seconde attaque, si première il y a, ce que nie M. Tessier. Je ne l’en écris pas plus long, nia chère Minette, parce que mon œil est en trop mauvais état; il est rouge et douloureux; j’espère que ce bouton intérieur disparaîtra bientôt, car je ne puis rien faire tant qu’il est là, et quand j’écris, cet œil brûle et s’injecte tant qu’il peut. Je t’embrasse tendrement.



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