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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 10 avril 1860.


Chère petite, ton père commence ce soir le traitement si facile de M. Mazier[1] ; la lettre d’Émile a achevé de le convaincre et il ne veut pas continuer le traitement de M. Rayer, qui lui fait plus de mal que de bien ; aujourd’hui il éprouve un tel engourdissement et un tel embarras dans la tète, qu’il craint, dit-il, d’avoir une attaque d’apoplexie immédiate. Il a donc envoyé ton ordonnance à M. Mondet[2] ; je te tiendrai au courant de l’effet qu’elle produira. Temps de chien aujourd’hui ; plus froid qu’hier et de la pluie ; j’en suis contrariée pour les pauvres enfans.

Prends garde à ce que tu écris, secrets de famille ou autres; on lit beaucoup les lettres[3] et tu sais qu’avec des mots interprétés méchamment, on peut poursuivre et condamner.

À quoi servent les épithètes brutales, sinon à témoigner de la mauvaise éducation des gens qui s’en servent et de leur peu de charité : une personne bien élevée éloigne de son vocabulaire certaines épithètes vulgaires, comme coquin, canaille, etc.

Adieu, chère enfant; plus que jamais je borne mon opposition aux prières redoublées et ferventes ;

  1. Notre médecin de la campagne, en qui ma mère avait une grande confiance.
  2. Pharmacien à Paris.
  3. À la poste.