Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/156

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tion que je te porte. La joie de mon petit Jacquot, pendant sa visite à Livet, me fait espérer que tu la lui procureras quelquefois, surtout quand le temps reviendra au beau et que la terre se séchera. Olga a écrit à son père que les enfans ont pu reprendre les promenades à âne; et à propos de l’ânesse, la mère et l’enfant seront la propriété de Jacques ; les Mémoires d’un âne en font foi.

Tout Paris est occupé du procès Patterson; les lettres citées par Berryer me paraissent bien mal réfutées par l’avocat du Prince Napoléon et, si j’étais juge, je n’hésiterais pas une minute à proclamer la légitimité des droits de M. Jérôme Bonaparte. Personne ne comprend que l’Empereur ait permis le procès, à moins que ce ne soit un coup fourré à l’adresse du Prince Napoléon; en cas de mort du petit Prince Impérial, Jérôme Bonaparte et son fils Antoine seraient les successeurs légitimes au trône impérial. Ils sont bien tous les deux, surtout Antoine.— Les affaires du roi de Naples ne sont nullement désespérées; ses batteries abîment la flotte piémontaise, dont les canons admirables manquent leur effet sublime comme les Armstrong des Anglais. On dit, au ministère des Affaires étrangères, que nous allons évacuer la Syrie et Rome, d’après les ordres de l’Angleterre; que n’avons-nous Xavier de Fontaines[1] au ministère ! quelle rafle il ferait des Anglais! Je t’enverrai un livre curieux et intéressant, que demande Olga : l’Angleterre telle qu’elle est, par Kervigan. Les Anglais

  1. Un des rédacteurs de l’Univers, qui écrivait sans cesse contre l’Angleterre.